Bonjour à toutes et à tous !
C'est un plaisir de vous retrouver aujourd'hui pour un nouvel article ! Je profite de cette période "particulière" pour essayer de vous changer les idées, mais aussi pour vous proposer de réfléchir sur un nouveau sujet. Sans plus attendre et sans vous dévoiler plus de détails qu'il n'est nécessaire, je vous suggère de commencer notre article. Bonne lecture !
Avant-propos
Le titre vous a peut-être rebuté, ou alors vous ne voyez pas le lien entre les deux notions, ce que je comprends parfaitement. Laissez-moi vous exposer les enjeux du sujet. Commençons par l'eschatologie, à ne pas confondre avec un autre mot qui lui ressemble fortement mais qui signifie une toute autre chose (je sais que vous y avez pensé, ne mentez pas). Si l'on en croit la définition du dictionnaire du CNRTL (un site que je vous engage à utiliser: https://www.cnrtl.fr/), l'eschatologie consiste en une "Doctrine relative au jugement dernier et au salut assigné aux fins dernières de l'homme, de l'histoire et du monde."
Si nous remarquons ici clairement la composante chrétienne, cette tradition d'une étude de la fin des mondes se retrouve aussi chez les grecs ou les romains. Mon exemple favori est celui des Métamorphoses d'Ovide, dont je vous cite un court passage, intitulé "Le déluge" : "Déjà il allait lancer ses foudres sur toutes les contrés de la terre; mais il craignit de voir tant de feux embraser l'éther sacré et consumer dans toute sa longueur l'axe de l'univers. Il se souvient que les destins eux-mêmes ont fixé une date où la mer, la terre et le palais celeste doivent s'enflammer et la masse du monde, devenue la proie d'un incendie, tomber en ruine." (Traduction de George Lafaye, Folio Classique, Gallimard, 1992, p. 51). Vous pouvez aussi bien sûr vous référer à la Bible, et en particulier à l'apocalypse de Saint-Jean, cela fonctionne aussi, et demeure tout aussi beau à lire.
Le jeu qui rendait fou
Faisons une petite digression, si vous le voulez bien. Si au lieu de considérer exclusivement la fin, nous choisissions de considérer l'angle des limites. Je m'explique. Quelque chose s'achève, quelque chose commence, comme nous l'indique l'intitulé de la dernière quête de l'histoire de The Witcher 3 (qui est aussi un chapitre du dernier tome, si je ne m'abuse). En d'autres termes, on ne parle plus d'une fin, mais d'une transition, le lien entre un avant et un après. N'oublions pas le terme "collective", qu'il conviendra aussi de définir au moment voulu.
Si vous ne voyez pas encore le lien avec World of Warcraft, ne vous inquiétez pas, nous y venons. Pour celles et ceux qui ne seraient pas vraiment familiers avec cet univers, nous allons faire une rapide présentation. World of Warcraft est donc ce que l'on appelle un MMO RPG, ce qui donne respectivement "massively multiplayer online role-playing game", un jeu en ligne massivement multijoueur si l'on traduit littéralement.
La version de base est à l'origine sortie en 2004, puis ressortie très récemment, à la demande des joueurs sur des serveurs dits "classiques". Le jeu fut complété par plusieurs extensions, il en est aujourd'hui à sa septième, Battle for Azeroth, et se prépare à accueillir prochainement sa huitième, Shadowlands, qui devrait refondre une bonne partie des mécaniques actuelles. Si le fait qu'il existe deux versions d'un même jeu peut paraître bizarre, sachez que ceci n'entachera pas la compréhension de ce qui suit.
L'eschatologie et World of Warcraft peuvent se lier, c'est ce que je vais essayer de démontrer car j'en suis profondément convaincu. A mon tour de vous convaincre !
Le sauvetage à plusieurs
L'un des principes du jeu se repose sur l'interaction entre les joueurs pour faire vivre le monde, ou plutôt le serveur sur lequel ils se trouvent. De plus, chaque extension dispose de son grand méchant, cet antagoniste (plus ou moins bien écrit) qui menace de réduire le monde en poussière. Qu'il s'agisse de Kel'Thuzad, d'Arthas ou d'Aile de mort, Azeroth (le monde dans lequel l'intrigue prend place) se retrouve à chaque fois menacée de sombrer dans le néant. Il appartient donc aux joueurs de coopérer à travers les différentes étapes du scénario afin d’empêcher cette fin prématurée et ainsi provoquer le passage vers la prochaine mise à jour ou la prochaine extension.
Là vous commencez à voir le lien avec l'eschatologie normalement. Cette eschatologie devient collective car elle a besoin des joueurs pour se réaliser. Sans eux, le jeu ne serait qu'une somme de pixels, un amoncellement de lignes de code; l'univers resterait figé dans un état de stade, empêchant ainsi toute transition vers un après. Les joueurs ne sont plus spectateurs, mais acteurs de l'univers, ils assistent à sa création, sa transformation, et même parfois à sa destruction dans le cas de l'extension intitulée Cataclysm, qui remodela certaines parties d'Azeroth (voir ci-dessous).
La grande division dans la région des Tarides, après le passage du cataclysme en 2011. Cela nous renverrait-il au déluge de flammes décrit par Ovide? |
Dernières considérations
Bien évidemment, ce concept d'eschatologie collective pourrait s'adapter à d'autres exemples, mais j'ai simplement trouvé qu'il était aisé de l'illustrer à l'aide de World of Warcraft, un jeu sur lequel j'ai pu passer de longues heures à découvrir son univers, ses personnages, ses secrets les plus intimes. Je précise que ce concept semble déjà avoir été utilisé sur internet, mais dans un contexte bien plus religieux. Il était intéressant de montrer ici son lien au médium vidéo-ludique, en mettant en exergue le rôle des joueurs dans la formation d'un monde virtuel.
Eh bien voilà ! Je pense que c'est tout ce que j'avais à vous écrire aujourd'hui, j'espère avoir réussi à vous accompagner au sein des méandres de ma réflexion. Si c'est le cas, n'hésitez pas comme d'habitude à me laisser un commentaire. Si ce n'est pas le cas, je m'excuse par avance et vous engage à me poser toutes les questions nécessaires. En espérant vous écrire bientôt !
T.G.
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