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ALERTE SPOILER:
The Last of Us Part 2 étant un jeu qui repose "principalement" sur son récit, la présence de spoilers n'est pas à exclure. Le cas échéant, ils seront signalés et se trouveront en majorité dans la section consacrée à l'écriture. Les images utilisées ne sont pas issues de ma propre capture.]
Bonjour à toutes et à tous, soyez les bienvenu.es dans ce nouvel article consacré à un jeu qui a, semble-t-il, profondément divisé son public. Si vous avez suivi l'actualité du jeu-vidéo récemment, alors vous avez forcément entendu parlé de de la dernière création du studio américain Naughty Dog, je parle ici de The Last of Us Part 2, sorti le 19 juin 2020, exclusivement sur Playstation 4.
Comme son aîné avant lui, ce jeu vient conclure la génération Playstation 4, et nous révèle le plein potentiel de la console dans un chant du cygne à la fois morbide et terriblement majestueux. Le but de ce test n'est pas d'alimenter une polémique stérile qui anime le fin fond des forums, mais plutôt de voir concrètement ce que vaut le jeu (c'est le but premier d'un "test", vous en conviendrez). Grace à cette approche, les polémiques artificielles se dissiperont d'elles-mêmes.
La structure du test sera assez classique, divisée en sections dédiées aux différentes dimensions qui compose le jeu: les graphismes, le gameplay, la musique/le son, et enfin l'écriture. Je m'efforcerai dans ce test d'apporter autant de précisions que possible, dans l'espoir d'être utile à ceux qui ont fini le jeu, mais aussi à ceux qui hésitent à mettre les mains dessus. Installez-vous confortablement, et laissez-vous guider par la plume de votre hôte.
Introduction: Retour en 2013, là où tout a commencé
Avant d'aborder le deuxième opus, il est essentiel de parler du premier. Etant possesseur à l'époque d'une Xbox 360, je n'ai pas fait le jeu à sa sortie. Je l'ai fait plus tard sur Playstation 4, à l'occasion de la sortie de la version remastérisée. Je considère ce premier opus comme un très bon jeu, mais pas comme le jeu de la génération PS3, comme certains ont essayé de nous convaincre. The Last of Us était technologiquement impressionnant, même sur PS4 (on déplorait toutefois un manque de fluidité sur PS3). Les environnements, les visages, les animations... Rien à dire à ce niveau. L'écriture est assez irréprochable, les personnages ne sont pas des archétypes et deviennent plus profonds à mesure que le récit progresse.
On retiendra de plus ce non-dit qui met un terme à l’épilogue du jeu, et laisse le joueur en suspend, à la manière d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe. C'est cependant le gameplay qui a sans doute le plus perturbé mon expérience. Certaines phases d'infiltration étaient particulièrement frustrantes et brouillonnes, et la boucle de gameplay devint vite répétitive. Un bon, très bon jeu donc, mais pas au niveau d'un Mass Effect 2 ou d'un Red Dead Redemption. Le potentiel était pourtant là, indéniablement.
Partie 1: Le visuel
Pour être honnête, je n'attendais pas grand chose de ce Last of Us Part 2, et je pensais même passer à côté. C'est sans doute en voyant l'amoncellement de critiques négatives que je me suis décidé à me le procurer, afin de voir si les avis étaient fondés. La stratégie de communication semble avoir fonctionné.
La première chose à laquelle nous sommes confrontés avant d'entrer dans l'histoire, ce sont les graphismes, l'aspect visuel du jeu. De ce côté-là, le jeu ne déçoit pas. On aura rarement vu quelque chose d'aussi beau sur Playstation 4, peut-être à l'exception de Red Dead Redemption 2. Le soin apporté aux détails des niveaux, ainsi qu'aux éclairages, participe à la création de zones uniques, avec chacune leur atmosphère propre.
Vous l'aurez compris, cette section sera courte, car à l’exception de quelques textures baveuses en arrière plan (j'en ai compté deux dans toute ma progression), le jeu est graphiquement irréprochable (vous disposez aussi d'un mode photo très complet, afin de capturer vos instants favoris).
Partie 2: Le gameplay
Cet aspect peut sembler paradoxal, je m'explique. La boucle de gameplay en elle-même ne diffère pas vraiment du premier jeu. On retrouve le système d'artisanat très intuitif, les phases d'infiltration, et les phases de combats. Ces aspects sont en revanche bien mieux maîtrisés dans ce deuxième jeu. Les zones plus ouvertes rendent l'infiltration particulièrement stressante, si bien que dans les niveaux de difficulté les plus élevés, la moindre erreur peut vous coûter la vie (l'implémentation des chiens qui flairent vos traces participe grandement à cette dynamique).
La création d'objets en temps réel fonctionne toujours aussi bien, et les différents arbres de talents vous permettront d'orienter la progression de votre personnage, qui peut devenir un professionnel de la discrétion tout comme un expert dans la confection de pièges mortels.
Le système de combat est rudimentaire mais efficace. Outre un système de visée à distance des plus classiques, on trouve un système de combat au corps à corps qui repose sur deux boutons, esquive et coup. Cela parait risqué, mais la fluidité et la qualité des animations rendent le tout très agréable à regarder, et avec plusieurs ennemis sur le dos, c'est loin d'être facile.
On apprécie aussi un peu de fraîcheur dans le bestiaire, qui accueille des nouveaux venus au sein de la classe des infectés (les rôdeurs vont vous faire sursauter et redouter chacun de vos pas). Les patrouilles avec les chiens sont aussi bienvenues, et peuvent changer drastiquement vos plans d’infiltration afin de vous forcer à improviser. Le gameplay est plus poli, plus agréable, bien moins frustrant.
Partie 3 : La musique/le son
Les différentes musiques (composées par Gustavo Santaolalla) sont globalement de très bonne facture, mais on peut regretter néanmoins leur discrétion. Elles sont présentes au bon moment certes, mais pas assez à mon gout.
C'est plus sur le traitement du son que je tiens à attirer votre attention. La qualité de ce traitement est perceptible pendant les affrontements, en particulier lorsque vous vous faites repérer par vos ennemis. Ces derniers se mettent alors à communiquer, les balles fusent, et vous vous retrouver immédiatement au sein d'une zone de conflit. Si certains connaissent, ces phases de combats m'ont rappelé Spec Ops: The Line, un jeu exemplaire dans son ambiance sonore.
Cette mécanique s'applique aussi aux phases avec les infectés, en particulier pour les claqueurs, mais le premier jeu faisait déjà un travail honorable à ce niveau là.
Partie 4: L'histoire
SPOILERS: Je vous invite à descendre jusqu'à la partie "conclusion", si vous ne souhaitez pas vous faire dévoiler certains pans de l'intrigue.
ZONE SPOILERS *****************************************************************
The Last of Us Part 2 reprend quelques années après le premier jeu, et nous place dans une première partie dans la peau d'Ellie, puis dans une deuxième partie dans la peau d'Abby, un personnage inédit jusque-là.
Si le premier jeu se concentrait sur la relation entre Joel, un père meurtri par la mort de sa fille, et Ellie, une jeune fille immunisé au cordyceps, champignon infectieux qui a précipite la chute de l'humanité, le deuxième jeu (après une série d’événements inattendus) se focalise sur le développement d'Ellie.
Le début de l'histoire reflète une véritable prise de risque de la part de Naughty Dog, prise de risque qui divise forcément les joueurs, et explique une partie des mauvaises critiques. L'histoire s'amorce donc dans une première partie focalisée par Ellie qui est accompagnée par Dina, un personnage qui fait miroir avec Joel dans le premier jeu. Cette partie est ponctuée par des analepses (des retours en arrière) qui permettent d'aborder certains pans de la relation entre Joel et Ellie. On se rend aussi malheureusement compte, après ces analepses, que le personnage de Dina est un peu creux, du moins comparée à Joel. Elle n'a pas vraiment le temps de se développer au sein de l'intrigue. On regrette aussi certaines longueurs dans cette première partie du jeu, mais rien qui n'entache la progression générale du jeu. Les environnement de cette partie sont splendides, mais peu variés.
Cette première partie se conclue par la rencontre avec Abby, que l'on contrôlera par la suite. C'est là, véritablement, que le jeu prend son envol. Que les choses soient claires, Abby n'est pas un personnage "transgenre" (et quand bien même, cela ne devrait jamais être problématique), c'est concrètement une jeune fille qui fait de la musculation (alors oui, elle a des muscles, c'est normal). Ces considération mises de coté, on peut maintenant se concentrer sur cette partie de l'histoire.
Abby est un personnage avec lequel l'on n'a pas nécessairement envie de jouer, mais Naughty Dog arrive à faire l'exploit d'éclipser tout bonnement Ellie. L'écriture du personnage y est pour beaucoup, car on retrouve dans Abby une profondeur rarement atteinte dans le domaine vidéoludique. Je n'en dévoile pas plus, mais je vous encourage à vous forger votre avis.
Les environnements de cette partie sont plus variés, et certains niveaux sont un véritable plaisir à faire, je pense notamment au sous-sol de l’hôpital ou encore à l'île des séraphites. Le jeu est généreux en durée de vie, et ainsi l'épilogue arrive au bon moment, sans que l'on ait l'impression d'une histoire incomplète qui se précipite vers sa fin (ce que je reproche un peu au premier jeu).
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Conclusion
Ainsi, à la manière d'une pièce de théâtre élisabéthaine ou jacobéenne, The Last of Us Part 2 explore ce motif bien connu de la vengeance, qui entraîne les personnages dans une spirale de haine qui n'épargne rien sur son passage. Le jeu nous offre donc une plongée vertigineuse dans ce que la nature humaine a de plus ignoble, sans nous indiquer comment l'interpréter. Le jeu prend des risques, pose des questions qui restent sans réponse, et nous invite à contempler la perte d'innocence de jeunes adultes perverti par une violence omniprésente.
Eh bien nous y sommes ! Je pense que c'est tout ce que j'ai à vous proposer pour cet article, et j'espère qu'il vous aura plu. Vous l'aurez donc compris, je suis conquis par ce deuxième volet de la série, qui sert de première partie à cette conclusion de la génération PS4, en attendant Ghost of Tsushima.
Je vous retrouve très vite pour un nouveau sujet !
T.G.