Note: Cet article contient des spoilers majeurs sur tous les jeux Mass-Effect. Il sera peut-être difficile, pour ceux qui n'ont pas fait les jeux, de saisir toutes les références. Je m'efforcerai, cependant, de demeurer le plus clair et accessible possible, bonne lecture.
Bonjour à tous ! Nous nous retrouvons aujourd'hui pour le premier article d'une (longue ?) série consacrée, comme son nom l'indique, aux nombreuses "réminiscences" issues de l'univers de Lovecraft, dans divers médias. Le terme "réminiscence", dans sa définition courante, renvoie à de vagues souvenirs, ou à un emprunt inconscient motivé par une certaine influence - on peut par exemple trouver chez un auteur des éléments renvoyant à un autre auteur, bien souvent un prédécesseur. Ce qui caractérise la réminiscence, c'est qu'elle n'est pas forcément avouée ou apparente au premier plan, il faut bien souvent la déceler. Ainsi, étudier le jeu vidéo Call of Cthulhu sorti récemment sous l'angle de la réminiscence ne sera pas cohérent, car le jeu se présente comme une adaptation directe de l'univers de Lovecraft (à travers le jeu de rôle papier certes).
Aujourd'hui, il est impossible de ne pas remarquer l'influence de Lovecraft sur de nombreux aspects non pas de notre culture, mais plutôt de nos cultures. Ce cher Cthulhu semble avoir particulièrement la côte, alors que dans la hiérarchie des grands anciens, il n'est finalement qu'une sorte de prêtre envoyé par les anciens, extrêmement puissant certes, mais comparé à Azathoth ou Yog-Sothoth, c'est un petit joueur. Néanmoins, son impact culturel est indéniable, et nous tacherons de le déceler là où il n'est pas forcément évident, et là où il pourrait renvoyer à la pensée artistique globale de l'écrivain H.P. Lovecraft, car il est bien plus qu'un amateur de mollusques cosmiques. Cher lecteur ou chère lectrice, installe toi confortablement, nous partons aujourd'hui aux confins de l'univers, là où se joue le destin de toute une galaxie. Sors ta plus belle combinaison N7, ton manuel de drague intergalactique, passe un coup de fil à Garrus, et vérifie la pression du Mako, nous partons pour Mass Effect.
Ah Mass Effect ! Rien que d'écrire le titre me rappelle de nombreux souvenirs. Des souvenirs agréables, comme par exemple les liens tissés avec les membres de mon vaisseaux, les nombreux morceaux de bravoure que la série offre, l'écriture, la musique... mais aussi des souvenirs plus tristes, comme la perte de certains coéquipiers, mais surtout le dénouement de l'aventure, se dire que l'on est arrivé à la fin d'une des plus belles épopées vidéo-ludiques de tous les temps. Mass Effect, c'est énormément de choses, et le cantonner à l'étiquette de jeu-vidéo serait bien insuffisant. Oui, vous l'aurez compris, j'apprécie énormément cette série, si bien que je lui pardonne Mass Effect Andromeda, qui se laisse difficilement approcher, mais qui vaut le détour (rien que pour son gameplay, sans rire, c'est vraiment agréable à jouer).
Introduction
Bon, j'arrête de digresser, rentrons dans le vif du sujet, nos nombreuses réminiscences Lovecraftiennes !
Qu'est-ce-que Mass Effect? Il convient tout d'abord de préciser que nous nous intéresserons dans cet article aux trois premiers jeux, et laisserons Mass Effect Andromeda de côté. Par conséquence, Mass Effect peut se définir grossièrement comme une trilogie de jeux de role à tendance action sortis entre 2007 et 2012 sur Xbox 360, Playstation 3, et PC. Le joueur y incarne le commandant Shepard dans sa routine quotidienne qui consiste à sauver la galaxie d'une ancienne race extra-terrestre, les Moissonneurs, ayant pour objectif de décimer les autres espèces trop évoluées. Le joueur pourra tisser des liens avec les différents membres de son équipage, la fin du jeu dépendant bien souvent de l'investissement du joueur au sein du monde.
Un Moissonneur |
Réminiscences primaires
Commençons par ce qui semble le plus évident, à savoir l'insignifiance de l'être humain dans l'immensité de la galaxie. Ceux qui ont lu Lovecraft savent de quoi je parle, les personnages de sa fiction semblent incapables de stopper la marche du destin, qui se traduit bien souvent par la mort ou la folie. Dans Mass-Effet, c'est un peu pareil, l'espèce humaine n'est désormais plus seule, et doit cohabiter avec les autres espèces, qui sont pour certaines plus avancées et plus puissantes, comme les Asari ou les Galariens. Ces espèces étaient, pour certaines là avant les humains, et seront sans doute présentes après leur extinction, ce qui réduit considérablement notre importance au sein de la galaxie. De plus, les humains n'ont pas toujours leur mot à dire, et personne ne vient les aider quand la Terre se fait sauvagement attaquer au début du troisième jeu (la musique de la séquence d'intro omg). Cependant, contrairement aux "héros" de Lovecraft, Shepard (le joueur), peut renverser la tendance, mais peut aussi lamentablement échouer, ainsi vous pouvez notamment mourir à la fin de Mass Effect 2, sans pouvoir recharger votre partie pour le début de Mass Effect 3.La Terre et l'assaut des moissonneurs, prologue de Mass Effect 3. |
Toujours dans cette thématique du héros Lovecraftien, intéressons-nous au début de Mass Effect 2. Pour ceux qui ne l'ont pas fait, il se trouve que Shepard meurt après l'attaque du Normandy par une espèce alors inconnue. Ainsi, Shepard se trouverait incapable de faire face à la vérité que représente cette espèce, les Récolteurs, et en particulier l'évolution alternative qu'ils proposent (ils kidnappent des humains pour les "transformer"). Tout comme un héros de Poe (donc indirectement Lovecraftien), Shepard atteint les limites de la vie, et reviendra après avoir découvert une autre vérité, celle de l'au-delà, qui lui permettra de faire face aux Récolteurs.
La folie intergalactique
Saren, le spectre renégat |
L'homme trouble |
Les moissonneurs, le léviathan, l'aspect visuel
Le Léviathan, créateur des moissonneurs |
Les jeux abordent aussi plus largement la thématique universelle du créateur dépassé par sa création, qui accroît l'aspect dévastateur de la connaissance et des avancées scientifiques qu'elle engendre, notamment le début du cycle de la "Moisson", lorsque que les Moissonneurs décident que certaines espèces sont trop évoluées. On peut considérer cette thématique à travers le prisme lovecraftien, dans le sens où c'est dans la plupart des cas la soif de connaissance des narrateurs qui les conduit à leur perte.
Conclusion
Il y aurait sans doute beaucoup d'autres choses à dire, tellement l'univers du jeu est vaste. J'ai certainement oublié de nombreux éléments, et je m'en excuse par avance. Mon but était de rendre hommage à une saga qui pour moi a eu un impact considérable sur mon identité de joueur, à travers l'impact supplémentaire de Lovecraft, qui devient progressivement de plus en plus important sur nos cultures. J'espère que cet article vous aura plu, car ce fut pour moi un véritable plaisir de vous l'écrire.
A bientôt.
T.G.